Fukushima, bilan d’une situation sanitaire inquiétante / FUKUSHIMAの気がかりな調査結果

19 OCTOBRE 2015 |  PAR CÉCILE ASANUMA-BRICE

Tant est grand l’irrationnel en cet affaire et par-delà les contradictions qui dépassent l’entendement, simultanément à l’annonce des résultats du groupe de recherche INWORKS (Ionising radiation and risk of death from leukemia and lymphoma in radiation-monitored workers) selon lesquels le risque de mortalité par leucémie ou myélome multiple des travailleurs de centrales nucléaires après exposition à des faibles doses est désormais avéré[1], le gouvernement japonais, avec l’aval de l’AIEA[2], a relevé les doses acceptables pour les travailleurs du nucléaire de 100msv/an à 250 msv/an en cas d’urgence[3].
Pour rappel, cette même norme qui était à 20 msv/an avant l’explosion de la centrale de Tepco – Fukushima Dai ichi a été réhaussée à 100 msv/an après l’accident (pour les travailleurs du nucléaire) et à 20 msv/an pour la population civile. Suite au réhaussement de la norme, lors du seul mois d’août 2015, on compte trois décès parmi les travailleurs de la centrale nucléaire de Fukushima Dai ichi, ce qui porte à 64, selon les chiffres officiels[4], le nombre de travailleurs décèdés des conséquences de leur travail.

Devant la vivacité des prises de position concernant les conséquences sanitaires du nucléaire, nous avons jugé nécessaire de refaire un bref bilan sur le sujet, afin de poser une question des plus candides : le nucléaire est-il dangereux pour l’homme ? Où en sont les enquêtes épidémiologiques sur le sujet ? Qu’avons-nous appris des diverses recherches médicales menées à Fukushima après l’explosion de la centrale en mars 2011 ?

Les effets épidémiologiques du nucléaire : Even INWORKS[5]doesn’t work…

Cette étude, menée par 13 chercheurs en épidémiologie provenant tous de laboratoires distincts, a été rendue publique en juin 2015. Son financement provient du centre de prévention et contrôle des maladies, du Ministère de la santé, du travail et du bien-être du Japon, de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté nucléaire (IRSN), d’AREVA, d’électricité de France, de l’institut national pour la sécurité et la santé (USA), du département de l’énergie américain, du service sanitaire et humanitaire des Etats-Unis, de l’université de Caroline du Nord, du ministère de la santé publique anglais. Les financements de cette recherche relèvent donc principalement d’acteurs impliqués directement dans les intérêts du microcosme nucléaire. Néanmoins, les auteurs de cette recherche précisent que les financeurs ne sont à aucun moment intervenus dans la recherche ou dans la rédaction du rapport, leur rôle s’étant limité à l’autorisation d’accès aux données. Cette étude a consisté à suivre non moins de 308 297 travailleurs employés dans un équipement nucléaire depuis au moins un an, pour la France : par la Commission d’Energie Atomique (CEA), AREVA Nuclear Cycle, ou l’entreprise nationale d’électricité (EDF) ; les départements de l’énergie et de la défense pour les USA ; et pour l’Angleterre, les employés de l’industrie nucléaire inscrits au registre national des travailleurs de la radioactivité[6]. La méthode utilisée pour suivre l’état de santé des travailleurs a été la régression de Poisson, ou modèle linéaire de fonctions logarithmiques, qui permet de quantifier les associations entre la dose absorbée par la moëlle épinière, et le taux de mortalité par leucémie, lymphoma (tumeurs qui se développent sur les cellules lymphatiques) ou myelome multiple. Jusqu’à présent les données dont nous disposions provenaient essentiellement de la radiothérapie. On avait par exemple démontré que l’exposition annuelle à des doses de radiations ionisantes était passée de 0,5 mGy par personne en 1982 à 3,0 mGy par personne en 2006 aux Etats-Unis. Ce phénomène a été observé dans la plupart des pays à revenus élevés. D’autres données avaient été accumulées via le suivi épidémiologique des survivants des deux bombes atomiques larguées par les Etats-Unis à Hiroshima et Nagasaki en août 1945. Leur analyse a permis de démontrer le lien de cause à effet entre l’exposition à des radiations ionisantes et le développement de leucémie. Mais ces résultats ne concernaient que l’exposition à des niveaux élevés de radiation. Les auteurs n’évoquent pas les bases de données effectuées et analysées après Tchernobyl. L’étude menée par l’équipe de chercheurs de INWORKS quant à elle, prouve la corrélation entre le risque de mort par leucémie et l’exposition à de faibles doses de radiation, via un suivi des individus concernés sur une période de 60 ans.

 

La raison au service du devoir de soumission

Mais puisque rien n’arrête ceux qui vont se servir à la boucherie ALARA (As Low As Reasonably Achievable – aussi bas queraisonnablement possible)[7], c’est moins d’évidences épidémiologiques que de « raison » dont nos vies dépendraient. Ainsi, la démagogie en la matière aurait depuis peu remplacé le terme de victime par celui de « personnes affectées » dans ses documents. Ce changement de terminologie, notamment dans les rapports de l’ICRP[8] n’est pas sans conséquence car l’affect, est, en psychologie, ce qui est opposé à l’intellect, et en cela, induirait des comportements qui ne seraient pas rationnellement fondés. En psychologie, l’affectivité est opposée à la cognition, soit aux capacités d’un raisonnement rationnel bien que cette approche dichotomique tende à se nuancer au cours du temps. En outre, l’utilisation du terme d’affect ici renvoie au discours d’une peur irrationnelle d’un danger mal connu (le nucléaire) qui serait à l’origine d’une radio-phobie. Récemment, l’ICRP s’accorde à dire que ce terme de « radio-phobie » dont elle était l’auteur, est déplacé. Il serait, selon leur nouveau discours, normal que les personnes aient peur car elles seraient dans la méconnaissance. Il s’agirait donc de mettre en place un système d’éducation afin de remédier à l’ignorance régnante. Cette logique est néanmoins en contradiction avec celle développée par les mêmes personnes pour appliquer le principe ALARA, soit : « nous ne savons pas, scientifiquement, quels effets sanitaires ont les faibles niveaux de radioactivité, donc on ne peut que faire avec sur place ». Le tout sera donc de trouver la voie pour enseigner ce que l’on ne sait pas… Cela en dit long sur le poids donné à la simple communication en la matière. Par ailleurs, l’étude Inworks a désomrais démontré les conséquences sanitaires concrètes des faibles doses. Ainsi, on peut se demander si la communication mise en place par l’ICRP ne relève pas de l’endoctrinement publicitaire plus que de l’information scientifiquement fondée.

 

 « Faire aussi bas que raisonnablement possible » (ALARA) signifie également, selon Jacques Lochard, que « Le droit au refuge ne peut être une des règles de la radio-protection. Nous devons accepter la situation et faire avec. »[9]. Deborah Oughton (CERAD) complète ces termes prononcés lors du symposium sur l’éthique en radio-protection par « nous devons éduquer les gens aux risques, afin de rendre ce risque plus acceptable ». Le tout est de savoir par qui ce risque devrait être accepté et pourquoi. Ces quelques extraits d’intervention choisis parmi d’autres, nous ont amené à nous interroger sur ce qui est très certainement l’une des préoccupations majeures de nos sociétés aujourd’hui, soit le fait que ceux qui effectuent la prise de risque sont rarement ceux qui reçoivent les bénéfices de cette prise de risque. En cela la situation devient inacceptable pour ceux qui en sont victimes. Cela se reflète concrètement par la déterioration de leur état psychologique et se traduit par un taux de suicide qui augmente de façon exponentielle.

 

Les effets psychologiques du nucléaire : un retour impossible

Nous avions établi un premier bilan en décembre 2014 du nombre de victimes de cette gestion aussi désastreuse que le désastre lui-même, comptabilisant 1170 décès relatifs à l’explosion de la centrale nucléaire de Tepco[10]. Les résultats d’une enquête récente menée auprès de 16 000 personnes réfugiées par l’équipe du professeur Takuya TSUJIUCHI, directeur de l’institut d’anthropologie médicale sur la reconstruction des désastres de l’université de Waseda[11], montre que plus de 40% d’entre elles sont atteintes de troubles de stress post-traumatique (PTSD). Le professeur Tsujiuchi, interviewé par la NHK le 27 mai 2015, précise que contraindre ces personnes au retour à la vie sur le lieu générateur du désordre psychologique alors même que cet environnement reste instable en raison du taux de contamination et de l’état de la centrale nucléaire en déliquescence, aurait des conséquences dramatiques. Celui-ci précise qu’à la différence des résultats des tests post-traumatiques effectués après des tremblements de terre, il ressort de cette enquête que les victimes ne sont pas confrontées à un simple stress dans la gestion de leur vie quotidienne, mais ressentent une véritable angoisse de mort face à la menace nucléaire. Selon le professeur Tsujiuchi : « aujourd’hui on fait comme si la catastrophe avait pris fin, alors que ça n’est pas le cas. On coupe l’aide au logement, puis, l’indemnité pour préjudice nerveux, puis les compensations financières pour perte de bien… il n’y aura bientôt plus d’aides au refuge. La situation est très dangereuse. »

 

Les enquêtes épidémiologiques à Fukushima : Il est toujours trop tôt à moins qu’il ne soit déjà trop tard…

Le 8 octobre 2015, lors d’une conférence de presse à Tôkyô au club des correspondants étrangers du Japon, le Professeur Toshihide TSUDA, épidémiologiste de l’université d’Okayama, spécialiste des retombées sanitaires des pollutions environnementales, exprime son désarroi quant à la manière dont les enquêtes épidémiologiques sont actuellement menées à Fukushima. L’université médicale de Fukushima ainsi que la Préfecture elle-même, deux acteurs à la tête des investigations menées depuis 2011, estiment encore aujourd’hui, qu’il est trop tôt pour tirer des conséquences sérieuses des résultats obtenus.

Quels sont ces résultats ?

Le professeur Tsuda et son équipe ont repris la totalité des données rassemblées d’octobre 2011 jusqu’en juin 2015. Soit, l’échographie de la thyroïde d’un échantillon de 370 000 personnes agées de moins de 18 ans au moment des faits. Ils ont mené une étude comparative prenant en compte la moyenne connue de développement de cancer de la thyroïde sur l’ensemble du Japon par classe d’âge par année afin de quantifier le rapport de causes à effets entre la pollution engendrée par les isotopes qui se sont répandus dans l’atmosphère après l’explosion de la centrale et l’accroissement du nombre de cancer de la thyroïde chez les enfants de moins de 18 ans dans la région.

« Si l’on fait une comparaison avec la moyenne nationalement connue, on en déduit, que le taux de cancer de la thyroïde des moins de 18 ans a été multiplié par 50. Dans les endroits où le taux est naturellement faible, on trouve une multiplication par 20 fois du nombre de cancer de la thyroïde. Dans les localités (au plan national) où le taux était le plus faible, nous n’avons pas encore détecté de cas de développement de cancer de la thyroïde. »

Le professeur Tsuda se porte en faux face au rapport de l’organisation mondiale de la santé de 2013 qui sous-estime considérablement les conséquences sanitaires de l’explosion de la centrale de Fukushima. Selon lui, il sera bientôt trop tard pour prendre les mesures qui s’imposent face à une multiplication importante des cancers (il s’agit en particulier de cancers de la thyroïde,  de leucémies et de cancers du sein) dans les régions contaminées qui n’ont toujours pas toutes été évacuées, et dans lesquels, bien au contraire, on rappelle les familles réfugiées dites “volontaires” à revenir habiter. Le professeur Toshihide TSUDA a publié le 5 octobre 2015 les résultats de ses recherches dans la revue internationale Epydemiology[12] et les exposera à l’Institut des systèmes complexes (CNRS) à Paris le 9 novembre prochain.


[1]
Ionising radiation and risk of death from leukemia and lymphoma in radiation-monitored workers (INWORKS) : an International cohort study, Klervi Leuraud, David B Richardson, Elisabeth Cardis, Robert D Daniels, Michael Gillies, Jacqueline A O’Hagan, Ghassan B Hamra, Richard Haylock, Dominique Laurier, Monika Moissonnier, Mary K Schubauer-Berigan, Isabelle Thierry-Chef, Ausrele Kesminiene, 22 juin 2015.

[2] Agence Internationale à l’Energie Atomique

[3] NHK News, 25 Juillet 2015. 緊急時の被ばく線量 上限引き上げ案を審議

Nikkei, 15 août 2015, 原発作業員の被曝限度上げ、緊急時250ミリシーベルトに 規制委

http://www.nikkei.com/article/DGXLASDG08H1Q_Y5A700C1CR0000/

[4] Journal Nikkan Gendai du 26 août 2015 :

http://www.nikkan-gendai.com/articles/view/news/163113

[5] Ionising radiation and risk of death from leukemia and lymphoma in radiation-monitored workers

[6] dixit : National Registry for Radiation Workers in the UK.

[7] Principe de précaution en matière de radio-protection lorsqu’il y a incertitude sur la relation dose-effet.

[8] Commission internationale de Protection Radiologique. Symposium 2-3 juin 2015 à l’Université Médicale de Fukushima : workshop sur les questions d’éthique dans le domaine de la radio-protection, organisé par l’université médicale de Fukushima et l’ICRP

[9] Prononcé en anglais : « The right of refuge could not be one of radio-protection rules. We have to accept situation and deal with ». Ibid.

[10] Cécile Asanuma-Brice (2014) : Beyond reality: The management of migratory flows in a nuclear catastrophe by a pro-nuclear State, Japan Focus, nov. (en anglais)

[11] Waseda Institute of Medical Anthropology on Disaster Reconstruction

[12]http://journals.lww.com/epidem/Abstract/publishahead/Thyroid_Cancer_Detection_by_Ultrasound_Among.99115.aspx

http://blogs.mediapart.fr/blog/cecile-asanuma-brice/191015/fukushima-bilan-d-une-situation-sanitaire-inquietante

 


 

FUKUSHIMAの気がかりな調査結果
浅沼=ブリス・セシル(翻訳:サンプレー 亮子)

理解に苦しむほどの矛盾を抱え、合理性に欠けた現状に更なる調査結果が加わった。INWORKSという研究団体が、原発関連施設で低線量の被爆をし続けると白血病や骨腫瘍などによる死のリスクが大きくなる、と報告したのだ*1一方、IAEA*2 の後ろ盾を得た日本政府は、作業員の被ばく線量の上限を緊急時に100ミリシーベルトから250ミリシーベルトに引き上げられるようにしている*3

この上限は、東京電力福島第一原発の爆発前に20ミリシーベルトだったものを、原発作業員は100ミリシーベルトに、住民は20ミリシーベルトに引き上げられたことを忘れてはならない。上限が引き上げられてから2015年の8月だけで作業員3人が死亡している。これにより、現地での作業が起因の死傷者の総数*4 は64名になった。

放射線による健康被害が取り沙汰される中、①原子力は人間にとって危険なものなのか、②被爆に関する疫学的調査はどこまで進んでいるのか、③2011年3月以来我々は医学的見地から出た情報から何を学んだのか、などの根本的な疑問に答えるためにこのテーマ(放射線による健康被害)について再び総括することが必要だと判断する。

原子力の疫学的影響 ―INWORKSでさえも匙を投げる・・・

異なる研究所の13名の疫学研究者で構成されるこの研究(前述のINWORKSの調査)が報告されたのは2015年6月。研究資金を提供したのは、欧州疾病予防管理センター(Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies)、日本の厚生労働省、放射線防護・原子力安全研究所(IRSN)、アレバ社、フランス電力(EDF)、アメリカの国立労働安全衛生研究所、アメリカ合衆国エネルギー省、およびに保健福祉省、アメリカ・ノースカロライナ大学、イギリスの保健省、である。出資元のほとんどが原発ロビーに有利に働きかける組織であることが見てとれる。とは言うものの、出資者たちに与えられたのは調査結果にアクセスする権利だけで、彼らは研究や調査結果には一切関与していないと明言している。この研究は、過去一年以上原子力関連施設で働く30万8297人を対象に進められた。フランスでは原子力・代替エネルギー庁(CEA)、アレバNC(旧「コジェマ」)、フランス電力(EDF)に、アメリカではエネルギー省と国防総省に、そしてイギリスでは原発作業員国立帳簿*5 に登録されている原発産業に携わる労働者を追跡している。労働者の健康状態を知るために使用されたのはポワソン回帰分析という手法だった。これは、①脊髄に取り込まれた放射線量と②白血病や悪性リンパ腫(血液のリンパ系組織から発生する悪性腫瘍)、骨腫瘍などによる死率の2つの変数の因果関係から右肩上がりの直線を求める手法である。以前は、我々が入手できるデータと言えば放射線治療の現場のものが主流だった。例えば、アメリカの電離放射線(医療被曝)の年間被ばく線量は1982年に一人当たり0.5mGyだったのが、2006年には3.0mGyに引き上げられていて、このような現象は国民総所得の高い国で多くみられる。その他、1945年8月に広島と長崎にアメリカが投下した原爆による被爆者の疫学的追跡データも存在するが、被ばくが白血病を誘発することを証明しているものの、高線量被ばくの調査に留まっている。その点、INWORKSの調査結果にはチェルノブイリの事故に関するデータや分析こそないが60年に及ぶ追跡調査を行い白血病などの致死率と低線量被ばくの相関関係を証明している。


言われるままにしなければならない理由

しかし、アララ(ALARAの精神(As Low Resonably Achievable=合理的に実現可能なだけ低く)*6を採用する者たちの暴走は止まらない。彼らは疫学的事実よりも生活に直結する口実に重点を置く。ごく最近になって、原子力産業界の扇動策が記された文書における、「victim(フランス語ではvictimeという表現が「affected person(同personne affectées」に取って代わった。国際放射線防護委員会ICRP*7 の報告書を筆頭に見受けられるこれらの専門用語の変更は無視できない。なぜなら、精神学において「l’affect(情動)は「l’intellect(知性)」に相反する言葉であり、合理性を欠く根拠のない態度を意味するからだ。精神学の歴史の中で「l’affectivité(感情)」は、理に適った判断能力を意味するcognition(認識)の反対の意味を持つようになった。そしてここで言う「l’affect(情動)」は、放射能恐怖症に繋がる、目に見えないもの(放射能)に対する非合理的な言動を指し示す。とは言うものの、「放射能恐怖症」という言葉を生んだ張本人である国際放射線防護委員会(ICRP)はここ最近、「放射能恐怖症(ラジオフォビア)」の意味合いは変化した、と述べている。彼らは、無知のままでいれば怖くて当然だと言い、知らないことが少しでもなくなるような教育システムを作ればいいとする。しかし、このような理論は同時にアララの精神を提唱する彼らの考え方に矛盾する。アララの精神は“低線量被爆による影響はまだよくわかっていない。だからこそ現場で様子を見るしかないだろう”と言っている。ならばそのわからないことを調査し伝えていくことが先決なはずだが・・・(調査よりも)コミュニケーションばかりに重点が置かれているのが現状である。ここにきてINWORKSの研究が低線量被爆が健康被害をもたらすことをはっきりと示したことで、国際放射線防護委員会(ICRP)は、科学的根拠のある情報を差し置いて汚染地域での洗脳活動を更に活発化することが予測される。

ジャック・ロシャール(Jacques Lochardによれば、“合理的に実現可能なだけ低く”というアララの精神は「移住の権利は放射線防護の選択肢には為りえない。現状を受け入れ我慢するべきである。」*8 という意味も併せ持つらしい。また、CERAD環境放射能研究所)のデボラ・アウトン(Debora Oughton)は、放射線防護理論の国際会議において、ロシャールの言葉を補うように次のように述べている。「我々は、リスクを受け入れ易くするために人々を教育しなければなりません。」重要なのは、そのリスクを受け入れなければならないのは誰なのか、そして何故受け入れなければならないのか、である。その他大勢を代表するこれらの発言は、私たちの社会における最も重要な問題の一つがここにあるのではないかと考えさせる。リスクの先にある恩恵を受けるのは、そのリスクを負う人々ではない場合がほとんどなのだ。それは被災者にとって耐え難い状況だと言える。実際、彼らの精神状態は悪化の一途を辿り、自殺率の著しい上昇となって表れている。

原子力がもたらす精神的苦痛 ―無理な帰還

福島第一原発事故を起因とするストレスなどが原因の原発関連死は、事故の深刻さを象徴するかのように増え続け、2014年12月の時点で1170名に上ったことがわかっている*9
また、辻内琢也所長率いる早稲田大学災害復興医療人類学研究所、避難者1万6000人に対して行ったアンケート結果によると、その40%以上が心的外傷後ストレス障害(PTSDを抱えていることがわかった。2015年5月27日、NHKの特集番組に出演した辻内氏は、まだまだ放射線量が高く不安の元凶とも言える地域に帰還を促すことは深刻な事態に繋がりかねない、と述べている。また辻内氏は、被災者のストレスが、震災後の単なる生活のストレスのレベルを超え、原発事故による死の恐怖に対するトラウマにまで及んでいることを強調し、次のように危惧する。「福島の問題はもはや過去の出来事のように風化にさらされていますが、この問題は全く終わっていません。しかし今、住宅の問題だったり精神的な慰謝料だったり賠償だったりが次々と打ち切られようとしています。これは本当に危機的な状況です。」


福島における疫学的調査 
―手遅れにならないうちは、まだまだ時期尚早・・・

2015年10月8日、岡山大学の医学者で環境生命科学研究科の津田敏秀教授は、日本外国特派員協会の記者会見で、福島で行われている疫学調査の在り方に疑問を呈した。2011年から疫学調査を請け負っている福島医科大学及びに福島県は、調査結果を元に結論を出すのは未だに時期尚早だとしている。

調査結果

津田教授と研究室のスタッフは、2011年10月から2015年6月までに事故当時18歳以下だった福島県民37万人を対象に行われた甲状腺スクリーニング検査の結果を元に分析。日本全体の甲状腺がんの年齢別の年間発生率と福島県内のデータを比較して、爆発の際に放出された放射性同位元素の高低差(汚染の度合い)と甲状腺がんの発症率の関連性を数字に表した。

日本全国と比べて最も高いところで約50倍の甲状腺がんの多発が起こっているということが推計されました。低いところでも20倍の多発が起こっています。(全国で)最も低いところはまだ一人も甲状腺がんが見つかっていません。」

津田教授は、原発事故による健康被害を著しく過小評価したWHOの2013年度の報告に異議を唱える。彼は、避難させるどころか自主避難をしている家族に帰還を促している汚染地域において、このまま甲状腺がんを始めとするがん(白血病や乳がん)の発生率が急激に上昇すれば手の打ちようがなくなると警告する。2015年10月5日、津田教授は「Epydemiology*10 という国際医学雑誌に研究結果を発表した。11月9日にはフランス国立科学センター(CNRS)が運営するパリの総合研究所(L’Institut des systèmes complexes)でセミナーに参加する予定だ。

*1 Ionising radiation and risk of death from leukemia and lymphoma in radiation-monitored workers (INWORKS) 国際研究団(計13名):Klervi Leuraud, David B Richardson, Elisabeth Cardis, Robert D Daniels, Michael Gillies, Jacqueline A O’Hagan, Ghassan B Hamra, Richard Haylock, Dominique Laurier, Monika Moissonnier, Mary K Schubauer-Berigan, Isabelle Thierry-Chef, Ausrele Kesminiene(2015年6月22日現在)

*2 Agence internationale à l’Energie Atomique 国際原子力機関

*3 2015年7月25日付 NHKニュース 「緊急時の被ばく線量 上限引き上げ案を審議」

2015年8月15日付 日本経済新聞 「原発作業員の被ばく限度引き上げ、緊急時250ミリシーベルトに 規制委」

http://www.nikkei.com/article/DGXLASDG08H1Q_Y5A700C1CR0000/

*4 2015年8月26日付 日刊現代 「8月だけで3人死亡・・・福島原発作業員を次々と襲う「死の病」」

*5 National Registry for Radiation Workers in the UK

*6 放射線量とその影響の関係が不確かな場合に適用される放射線防護の原則

*7 International Commission on Radiological Protection (2015年6月2、3日に福島医科大学とICRPが主催する、放射線防護のための国際ワークショップが福島医科大学で開催された。)

*8 原文(英語)《The right of refuge could not be one of radio-protection rules. We have to accept situation and deal with.》

*9 The Asia-pacific journal 2014年11月号 《Beyond reality : The management of migratory flows in a nuclear catastrophe by a pronuclear State (幻想と現実の相克―― 原発を選んだ日本の核有事・住民移動管理政策) 》 Cécile Asanuma-Brice

*10 http://journals.lww.com/epidem/Abstract/publishahead/Thyroid_Cancer_Detection_by_Ultrasound_Among.99115.aspx